Elle promena son regard de glace le long des murs tapissés, scruta les moindres détails des meubles en bois ouvragé, puis de sa coiffeuse disposée dans un coin de la pièce, et surmontée d’un imposant miroir, avant d’arriver au lit à baldaquins, qui trônait fièrement au centre de la pièce. Ce décor la laissa impassible.
Mouais. Pas mal.
Liryn jeta ses deux valises au pied de son nouveau lit. En se retournant, elle aperçut l’armoire et automatiquement, l’ouvrit. Vide.
« Plus pour très longtemps » songea t-elle avec satisfaction.
Quand elle reporta de nouveau son regard sur son lit, elle remarqua un élément qui lui avait échappé. D’où elle était précédemment, elle ne pouvait pas voir le second lit apposé au sien, caché par les rideaux accrochés aux baldaquins. Elle ne s’interrogea pas très longtemps là-dessus. Elle aurait même dû y songer tout de suite. Liryn réprima tout de même une grimace. Savoir qu’elle allait dormir si près d’elle la répugnait un peu… En Angleterre, les domestiques dormaient dans des quartiers qui leur étaient réservés, certainement pas auprès de leur maître.
Elle s'affala sur son matelas, en soupirant. L'Angleterre... Ses parents n'avaient jamais été aussi intraitables avec elle, quant à leur décision de l'envoyer ici. Habituellement, quand quelque chose ne lui plaisait pas, elle arrivait toujours à faire imposer sa volonté, soit à coups de sourires charmeurs, de flatteries, de petites attentions, ou, dans le pire des cas, de caprices franchement exprimés. Mais cette fois-ci... Rien. Ils avaient vraiment insisté pour l'envoyer ici.
Liryn froissa le drap aux tons roses sous elle, contrariée.
«Pff, qu'est-ce qu'ils lui trouvent à cette école de si spécial ? Le fait d'avoir droit à un esclave ? Super, j'en avais déjà une vingtaine à la maison... »
Certes, on lui avait expliqué que les esclaves d'ici étaient spéciaux. Mais pour tout avouer, elle s'en moquait un peu. Tout ce qu'elle voulait c'était... Eh bien...
Liryn se coucha sur le côté, fermant les yeux, agacée. C'était pathétique. Tout était vide de sens, pour elle.
Les dernières recommandations de sa mère lui revinrent alors à l'esprit. Liryn ne l'avait écoutée que d'une oreille ennuyée, mais elle se rappelait vaguement d'avoir entendu quelque chose comme « Dis-toi que c'est un nouveau départ, une nouvelle chance.», « C'est l'occasion de faire quelque chose de ta vie »...
Quelque chose de sa vie, hein...
Liryn se redressa brusquement, et son visage retrouva quelques couleurs.
« Bon, puisqu’il faut faire avec… Elle a intérêt à être silencieuse et obéissante, sinon je m’arrangerai pour qu’on la déplace ailleurs ! déclara t-elle pour elle-même, en posant ses mains sur ses hanches. Qu’est-ce qu’elle fiche, d’ailleurs ? »
La jeune lady regarda sa montre, impatiente. On lui avait affirmé au bureau d’administration de l’école qu’elle devrait rapidement arriver. Aussitôt qu’elle avait choisi son esclave sur le trombinoscope qui lui avait été proposé, le directeur lui avait assuré de son ton mielleux qu’il veillerait à ce qu’elle vienne assez rapidement pour l’aider à s’installer. Alors… Où diable était-elle ?
Elle regarda de nouveau l’heure.
« Très bien. Quinze heures douze. Je lui laisse sept minutes pour arriver. »
Sinon… Eh bien, elle ne savait pas encore quelle punition elle lui réserverait, mais elle trouverait.
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Tu peux prendre ton temps pour répondre, hein ^^